
Je suis partie comme interprète en polono-russo-ukrainien avec Convois Solidaires de Franche-Comté et ai réussi à faire traverser la frontière polono-ukrainienne après 1 heure d’attente (au lieu des 10 heures annoncées) aux 6 véhicules qui se dirigeaient essentiellement à Odessa pour livrer du matériel de secours à un hôpital de cette ville, éloignée de Lviv de 8OO km où les convoyeurs m’ont laissée.
Lviv se trouve seulement à 90 km de la frontière polonaise tout à l’ouest de l’Ukraine. (en russe Lvov)
Dans l’article de Hebdo (voir scan ci-dessous) il est dit qu’une personne âgée a été débarquée à Lviv (il s’agit de votre serviteur), afin qu’elle rencontre ses cousins (les cousins sont morts, Dieu ait leurs âmes ; en fait il s’agit de leurs fils -mes neveux- que je verrai » pour la dernière fois « . Pourquoi : » pour la dernière fois » ??? … Il faut le demander aux journalistes !!!).
Lviv est une ville née au 13e siècle inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco. Elle s’appela Lemberg (empire austro hongrois) et Lwow (quand elle fut polonaise). Le fameux cimetière Litchakovski date du 18e siècle et les polonais ont érigé des statues magnifiques au dessus de chaque tombe (voir mes premières photos sur le site comte-baltique-amour.fr). Polonais, autrichiens et ukrainiens y furent inhumés.
L’architecture de la ville est d’influence austro-hongroise surtout les bâtiments du centre ville dont les fenêtres sont surmontées de sculptures magnifiques (voir photos site). La ville est truffée d’églises gréco-catholiques d’architecture différente dont l’église Ste Marie des Neiges du 15ème siècle (photos site). C’était la fête de Pâque orthodoxe (qui cette année fut à la même date que la Pâque catholique -une histoire de lune-) et la ville était en liesse : les églises illuminées toute la nuit, les magasins abondamment fournis et qui proposaient surtout la Paskha (le gâteau de Pâques qui ressemble un peu à un panettone italien) ; les produits vendus sont de qualité.
On ne sent pas la guerre dit mon neveu qui est venu de Kiev pour me voir, Kiiv où tout est calfeutré et peu éclairé.
A Lvov quelques points font penser à la guerre :
-Tous les matins à 9 h tout s’arrête dans la ville pour faire une minute de silence pour les soldats morts ou blessés.
– A la limite de Lvov, derrière le cimetière Litchakovski une plaine immense où à perte de vue on voit sur des kilomètres des tombes surmontées de petits drapeaux (voir site).
-Quelques fois on entend une petite sirène : des miliciens ouvre la voie dans les rues de la ville pour convoyer des petits corbillards qui roulent les uns derrière les autres.
– De très nombreux étudiants font leurs études à Lviv, ville universitaire par excellence ; ils viennent de partout, de Kiev, Donetsk, Lougansk ou d’Odessa. Toutes les études se font en ukrainien car dans la région de Lviv on a toujours parlé cette langue alors que à Kiev, Odessa ou Kharkov on parle le russe. Mes neveux sont enseignants à l’Université polytechnique. Partout les consignes sont : en cas d’alerte descendre avec ses étudiants ou ses élèves dans les caves et les abris; mais il n’y a pas eu d’alertes (et très peu à Lviv maintenant).
Beaucoup d’ukrainiens se sont réfugiés à Lviv pour rester dans le pays car c’est une région dite « sûre » qui abrite hôpitaux où l’on soigne les blessés gravement atteints, médecins compétents, étudiants, réfugiés ukrainiens…
Merci à Lviv de m’avoir accueillie dans le calme et la beauté.
Hors des villes, dans les campagnes, la pauvreté peut être extrême disent les chauffeurs des Convois Solidaires (surtout entre Ouman et Odessa, lieux où ils sont passés.)
Valentine Grosjean. 06-2025

